Eleanor Rigby</span>

Eleanor Rigby est une chanson du groupe britannique The Beatles, principalement rédigée par Paul McCartney et créditée Lennon/McCartney.



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Chanson des Beatles - The Beatles - Chanson de 1966 - Single musical sorti en 1966 - Personnage de chanson

Eleanor Rigby
Single par The Beatles
extrait de l'album Revolver
Face A Yellow Submarine
(double face A)
Sortie Royaume-Uni 5 août 1966
États-Unis 8 août 1966
Enregistrement les 28, 29 avril et 6 juin 1966
aux studios EMI
Durée 2 :06
Genre (s) Pop baroque
Format 45 tours
Auteur (s) John Lennon et Paul McCartney
Producteur (s) George Martin
Label Parlophone
Classement N°1 (Royaume-Uni)
N°11 (États-Unis)
Singles de The Beatles
Paperback Writer / Rain
(1966)
Strawberry Fields Forever / Penny Lane
(1967)
Pistes de Revolver
Taxman
I'm Only Sleeping

Eleanor Rigby est une chanson du groupe britannique The Beatles, principalement rédigée par Paul McCartney et créditée Lennon/McCartney. Elle paraît sur l'album Revolver le 5 août 1966, et le même jour en single «double face A» avec un autre titre de McCartney, Yellow Submarine. Les deux titres atteignent la première place des charts britanniques.

Dans l'esprit des autres pistes de Revolver, Eleanor Rigby témoigne de la nouvelle direction prise par les Beatles, qui s'éloignent des codes de la pop avec cette chanson à l'instrumentation exclusivement classique : eux-mêmes ne jouent pas du moindre instrument, et George Martin apporte à ce hit une contribution principale, en écrivant la partition pour le double quatuor à cordes qui accompagne la voix de Paul McCartney.

Conception

Genèse et origine du nom

Paul McCartney vit chez son amie Jane Asher au moment où l'inspiration de la chanson lui vient. Il est au piano quand il trouve la mélodie et la première mesure, qu'il obtient «en jouant autour d'un accord de mi mineur, tout en jouant une mélodie qui lui danse autour. Elle a presque des accents de musique indo-asiatique[1]». Dans l'esprit des choses, McCartney décide de suivre des cours spécifiques pour apprendre à écrire la musique, mais ça ne fonctionne pas et il abandonne, non sans avoir montré la chanson à son professeur, qui n'est pas intéressé[2].

Au départ, McCartney n'imagine qu'un seul vers, mais qui donne déjà une partie de sa couleur à la chanson : c'est l'histoire d'une jeune fille, Daisy Hawkins, qui nettoie l'église après les mariages[1]. Il décide ensuite de la vieillir, car il est plus probable que ce genre de personnes soient âgées[3]. McCartney en possède d'ailleurs une certaine expérience : dans son enfance, comme boy-scout, il rendait fréquemment visite aux pensionnaires des maisons de retraite, comme bonne action[1]. Il poursuit ensuite sa réflexion et oriente le texte vers l'isolement, en faisant de Daisy Hawkins une vieille fille, seule et triste [3].

À ce stade de l'écriture, Paul McCartney ne trouve rien d'autre et y réfléchit de temps à autre. Il n'est surtout pas satisfait du nom Daisy Hawkins, qu'il ne trouve pas suffisament réaliste. Il fait plusieurs essais, car le chanteur Donovan rapporte qu'un jour où il la lui a chantée, ce n'était pas «Daisy Hawkins» mais «Ola Na Tungee»[1]. McCartney finit par se décider pour «Eleanor», prénom qu'il apprécie et qu'il tire de Eleanor Bron, actrice qui partageait l'affiche avec les Beatles, dans le film Help![2]. McCartney tient son prénom, il lui faut désormais un nom. Au mois de janvier 1966, il se trouve à Bristol, accompagnant Jane Asher qui joue dans une pièce de théâtre. Tandis qu'il l'attend sur King Street, il voit sur la façade du numéro 22 «Rigby & Evens Ltd, Wine & Spirit Shippers», le nom d'un négociant en vin : «Je cherchais un nom qui paraisse naturel. Eleanor Rigby semblait naturel.»[3]

Durant le processus d'écriture, un autre personnage fait son apparition dans l'histoire, le Père McCartney (Father McCartney), un prêtre. Son nom est choisi parce qu'il s'adapte bien à la musique, et John Lennon trouve l'idée bonne[1].

Une statue à l'effigie d'Eleanor Rigby, à Liverpool.

Il reste toujours à compléter les paroles de la chanson. Pour ce faire, les Beatles au complet se retrouvent dans la maison de John Lennon, accompagnés par Pete Shotton, un ami d'enfance. L'ensemble des personnes réunies dans la pièce apportent leur contribution : Ringo Starr suggère de montrer le Père McCartney en train de repriser ses chaussettes le soir, et George Harrison ajoute un vers sur les personnes solitaires.

L'apport de Pete Shotton à la chanson, reconnu plus tard par Paul McCartney, est non négligeable. Il suggère en premier lieu de changer le nom du prêtre, pour qu'il n'y ait aucune confusion sur l'identité du personnage : «Les gens auraient pensé qu'il s'agissait de mon père en train de repriser ses chaussettes, tandis que mon père est un type heureux.»[4] Un autre nom est par conséquent tiré de l'annuaire, McKenzie, et le second personnage est ainsi dénommé «Father McKenzie», même si John Lennon aurait préféré garder McCartney[1]. La chute de la chanson est toujours une idée de Shotton, qui propose de réunir Eleanor Rigby et le Père McKenzie dans une scène commune. John Lennon repousse cette idée, mais Paul McCartney l'a bel et bien utilisée dans la version finale[3].

Ainsi par conséquent, le texte de la chanson évoque la solitude et la tristesse, dépeignant une scène morose et déprimante autour des deux personnages que sont Eleanor Rigby et le Père McKenzie. Eleanor Rigby est une vieille dame qui ramasse le riz dans l'église après les mariages. Elle «vit dans un rêve, et attend à la fenêtre», mais il n'y a, semble-t-il, personne à espérer. Le Père McKenzie, qui «écrit des sermons que personne n'entendra», raccommode ses chaussettes la nuit, lorsqu'il est seul, ça lui est finalement égal. Quand Eleanor meurt, le Père McKenzie l'enterre dans les environs et , tandis qu'il nettoie la saleté de ses mains et s'en va, Paul McCartney chante une ultime note pessimiste : «no one was saved» («personne n'a trouvé le salut») [5].

En 1972, Lennon a revendiqué la paternité du texte, déclarant en interview avoir été à l'origine de 70 % des paroles. Pete Shotton contredit cette affirmation, se souvenant que «Eleanor Rigby était un classique «Lennon/McCartney» dans lequel la contribution de Lennon était quasi nulle». On peut attribuer cette «erreur» de Lennon au fait qu'à l'époque de sa déclaration (au début des années 1970), sa brouille avec Paul McCartney atteignait des sommets[1]. Ainsi déclare-t-il simplement en 1980, à propos de la chanson : «C'est le bébé de Paul. Moi, j'ai contribué à l'éducation de l'enfant[2]

Possible influence

La tombe au nom d'Eleanor Rigby, à Woolton.

Paul McCartney a toujours précisé qu'Eleanor Rigby était un personnage fictif, issu de son imagination ; il affirme ainsi se souvenir être parti du prénom Eleanor et avoir cherché un nom qui sonnerait bien. Cependant, le musicien n'exclut pas la possibilité qu'il ait été inspiré, inconsciemment, par une influence extérieure[2].

Ainsi, dans les années 1980, une tombe au nom d'Eleanor Rigby est découverte dans le cimetière de la St. Peter's Parish Church à Woolton, Liverpool, à quelques pas du lieu de la première rencontre entre Paul McCartney et John Lennon, en 1957. Cette Eleanor était née en 1895 et s'était installée à Liverpool, certainement dans la banlieue de Woolton, où elle avait épousé un homme appelé Thomas Woods. Elle était morte dans son sommeil, le 10 octobre 1939, de raison inconnue, à l'âge de 44 ans[6].

De plus, en 2008, lors d'une vente aux enchères pour une œuvre caritative, est proposé un bulletin de salaire daté de 1911 et portant la signature d'une certaine Eleanor Rigby. L'organisatrice de la vente, Annie Mawson, déclare avoir reçu ce document directement de Paul McCartney, ayant sollicité ce dernier pour son association d'aide aux enfants handicapés. Le bulletin s'est finalement vendu à hauteur de 138 000 euros le 28 novembre. Légèrement plus tôt, Paul McCartney avait déclaré : «Si quelqu'un veut dépenser de l'argent pour acheter un document qui prouve qu'un personnage de fiction existe (dans la réalité), alors ça me va.»[7]

La partition de George Martin

Quand Paul McCartney présente sa chanson au producteur George Martin, à la guitare acoustique, ils conviennent que son morceau doit être accompagné d'un double quatuor à cordes (quatre violons, deux altos et deux violoncelles). Selon Geoff Emerick, ingénieur du son chez EMI, le compositeur n'adhère pas tout de suite à cette idée, craignant un aspect trop sirupeux, mais Martin finit par le convaincre que c'est la solution la plus adaptée[8]. McCartney demande simplement que les cordes soient «percutantes»[8]. Le processus créatif débouche sur un fait presque unique dans la carrière des Beatles : aucun d'entre eux ne jouera d'un quelconque instrument sur Eleanor Rigby.

Pour écrire un des arrangements dont il reste le plus fier, George Martin s'inspire du compositeur de musique pour films Bernard Herrmann[note 1] : «en particulier la partition qu'il avait produite pour l'œuvre de François Truffaut, Farenheit 451. Elle m'avait spécifiquement impressionnée, surtout ces cordes stridentes. Lorsque j'ai rédigé cet arrangement pour assurer le rythme de la chanson de Paul, c'est vraiment Herrmann qui m'a influencé»[9].

À l'époque, Eleanor Rigby et son instrumentation classique représentent une sorte d'échappatoire pour Paul McCartney, qui envisage, pour son avenir, de délaisser la pop et de se tourner vers des compositions plus sérieuses :

«C'était le premier indice annonciateur de ce qui m'arrive actuellement (1993)  : lorsque j'écris une pièce pour piano solo, je compose aussi l'œuvre pour un orchestre classique ou le Liverpool Oratorio. À l'époque, je suis resté dans la pop. Mais je me souviens que je m'imaginais avec les coudières et que je me disais : Oui, ce ne serait pas mal en fait, ce serait même plutôt bien, pour lorsque j'atteindrai l'âge canonique de trente ans.»

Enregistrement

La section de cordes est en premier lieu enregistrée le 28 avril 1966 dans le studio n° 2 d'Abbey Road, et la situation est pour le moins inhabituelle : Paul McCartney et John Lennon sont dans la salle de contrôle devant la table de mixage, et leur producteur-arrangeur, George Martin, est posté en contrebas, dans celle d'enregistrement, en compagnie des musiciens qu'il va diriger pour interpréter sa partition. Paul McCartney a la même exigence que pour Yesterday, enregistrée un an plus tôt : «Je ne veux pas de vibrato !»[9]. Charge, d'autre part, pour Geoff Emerick, d'obtenir le son «percutant» demandé par l'auteur.

Tandis que les cordes sont habituellement enregistrées avec un ou deux micros positionnés en hauteur (afin qu'on ne distingue pas le son de «grattage» des archets), le jeune Emerick a une autre idée. Il décide de sonoriser chacun des huit instruments en plaçant les micros tout près des cordes. «Ils étaient horrifiés ! On n'avait jamais fait ça !». L'un d'eux m'a lâché : «C'est impossible, tu sais ?»[8]. À l'évidence, les musiciens classiques craignent pour leur confort de jeu et pour ce que sera, du fait de cette innovation, le rendu de leur prestation. Après une prise, Emerick rapproche toujours les micros, à quelques centimètres. Le comique de la situation réside dans le fait que les interprètes reculent discrètement leur chaise entre chaque prise, jusqu'à ce que George Martin, s'apercevant de leur petit manège, leur demande résolument de ne plus bouger[8]. «De toutes façons, nous ne nous sommes pas vraiment souciés de ce qu'ils en pensaient et , qu'ils soient mécontents ou non, nous avons finalement trouvé le son qui correspondait à la vision de Paul... ainsi qu'à la mienne», raconte Emerick[8]. Les violons et violoncelles sont enregistrés sur les quatre pistes disponibles (deux par piste), puis on procède au reduction mixdown pour libérer de la place, pour que McCartney puisse poser sa voix sur la prise 15[9].

Le 29 avril, Paul McCartney enregistre sa partie de chant doublée, alors que John Lennon et George Harrison se chargent des chœurs («ah look at all the lonely people... »). La chanson est ainsi complétée, en deux jours. Reste toujours un overdub de voix, réalisé par McCartney le 6 juin, quatre ans jour pour jour après la première audition du groupe chez EMI[9].

Interprètes

Structure musicale

Paul McCartney rédigé cette chanson, au texte sombre, avec uniquement deux accords : Mi mineur et Do majeur. En dehors des paroles, tout l'intérêt se trouve dans la mélodie et l'arrangement de cordes de George Martin. Tonalité de Mi mineur sur un tempo assez vif (128 à la noire), en 4 temps ; dès l'introduction (2 fois 4 mesures), le principe est là : les chœurs syncopés sont accompagnés par les cordes qui marquent le temps, puis la mélodie du couplet (2 fois 5 mesures) fait entendre successivement la sixte majeure et la sixte mineure de la tonalité. Enfin, sur le refrain (8 mesures), les violons alto descendent chromatiquement (en rondes), de la septième mineure à la quinte sur l'accord de tonique. Un aspect inhabituel, pour une chanson pop, se trouve à la fin, où l'introduction est chantée en superposition avec le dernier refrain. La petite équipe qui travaille à Abbey Road est déjà particulièrement loin de Love Me Do, enregistrée quatre ans plus tôt.

Publication

Eleanor Rigby est la seconde chanson de l'album Revolver, paru le 5 août 1966 au Royaume-Uni. Elle est éditée le même jour sous la forme d'un single «double face A», avec Yellow Submarine. Ce single sort aux États-Unis le 8 août[10]. Il devient l'onzième single n°1 consécutif des Beatles au hit-parade britannique, le 18 août, pour quatre semaines[11]. Par contre, la chanson ne dépassera pas l'onzième place dans les charts américains, suite à la controverse génèrée par les propos de John Lennon sur Jésus-Christ.

Reprises

Eleanor Rigby
Single par Aretha Franklin
extrait de l'album This Girl's in Love with You
Sortie 23 octobre 1969
Durée 2 :38
Genre (s) Soul
Format 45 tours
Producteur (s) Jerry Wexler
Label Atlantic
Classement #17 (États-Unis)  ;
#5 R&B
Singles de Aretha Franklin
Share Your Love With Me
Share Your Love With Me
Share Your Love With Me
Call Me
Call Me
Call Me

Eleanor Rigby a été reprise par de nombreux artistes. La version la plus célèbre est probablement celle d'Aretha Franklin, n°5 des charts rhythm and blues et n°17 des charts pop aux États-Unis, en 1969.

La chanson a aussi été interprétée entre autres par :

Stephan Eicher l'a adaptée en romanche sous le titre Elena Ratti. Une version française a été interprétée par Erik St Laurent.

Bibliographie

En français

En anglais

Notes et références

Notes

  1. Bernard Herrmann est réputé pour avoit été le compositeur attitré des films d'Alfred Hitchcock

Références

  1. Barry Miles, op.  cit. , p.
  2. The Beatles Anthology, op.  cit. , pp. 208-209
  3. Steve Turner, op.  cit. , pp. 104-105
  4. Daniel Ichbiah, op.  cit. , p. 216
  5. (en) Paroles d'Eleanor Rigby. Consulté le 22/10/2009
  6. The SJS Files - Photograph of Liverpool
  7. (fr) La signature d'"Eleanor Rigby" rapporte 138.000 euros aux enchères sur google. com, 28/11/2008, AFP. Consulté le 28/11/2008
  8. Geoff Emerick, Here, There and Everywhere, My Life Recordin The Music of The Beatles, Gotham Books, ISBN 978-1-592-40269-4, p 126-127
  9. Mark Lewisohn, op.  cit. , p. 77
  10. Daniel Lesueur, op.  cit. , pp. 154-156
  11. (en) No. 1 UK Hit Singles of 1966


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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 24/11/2009.
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